Du 17 mars au 10 mai 2020, la France a vécu confinée. Chaque soir, entre des déclarations ministérielles pour le moins maladroites – celles de Sibeth Ndiaye resteront dans les annales – et le bilan quotidien des morts de la COVID 19 par le directeur de la santé, l’image du politique continue de vaciller au fil des semaines dans l’opinion qui finit par perdre ses repères. Et quand les citoyens en viennent à douter de leurs dirigeants, la démocratie est en danger…
Alors, comment « redonner confiance » ?
Comment retrouver un peu de sérénité en tentant de regagner cette confiance sans laquelle rien de grand n’est possible dans un État-Nation.
Pour cela il est urgent de retrouver un parler vrai pour tenter de « refaire nation ». Il faut aussi que le pouvoir comprenne ses erreurs et redresse la barre. Ce qui n’a pas été le cas, loin de là.
Ceci explique le sens de notre démarche. Comment et pourquoi cette période a été mise à profit par la Voix du Béarn pour donner la parole à des hommes et à des femmes d’exception, des repères pour certains. Curieusement, même si la plupart d’entre eux sont connus voire très connus, on ne les a que très rarement entendus dans les media main stream, d’autant. Leur tort est d’être dans l’action et dans la pensée et que sans aucun doute ils cultivent en commun une certaine aversion pour les polémiques stériles qui gangrènent « l’actualité » au quotidien.
En réécoutant certaines de ces émissions, avec Jean-Michel Poulot, nous nous sommes dits qu’elles n’avaient pris « aucune ride » un an plus tard. D’où cette idée de les rediffuser tel que. Notre règle, dès le début de nos émissions, a été, précisons-le, d’exclure par principe tous ces beaux parleurs qui nourrissent au jour le jour les polémiques stériles pour se bâtir, à la hâte, une célébrité éphémère. Trop souvent, ceux qui font la « Une de l’actualité » ont, comme on dit, « un présent » mais aucun avenir dans la durée. Le vent souffle mais sa vocation est de disparaître après avoir soufflé.
Distinguer l’éphémère et le durable
Le Dr Gustave Le Bon qui lui, a réussi à passer à la postérité avec son livre sur « la psychologie des foules » publié en 1895, estimait que « le plaisir étant éphémère et le désir durable, les hommes étant plus facilement menés par le désir que par le plaisir. » Ce qui reste vrai aujourd’hui.
Vivre le temps présent ne signifie aucunement sacrifier l’essentiel pour l’accessoire.
Dans nos deux précédentes émissions, nous avons entendu des témoignages assez rares de personnalités connues pour ne pas rechercher la lumière des projecteurs. Les témoignages de deux généraux d’armée : Jean-Paul Paloméros et Marc Watin-Augouard qui sont des « références » dans leurs institutions réciproques.
Le premier a été chef d’état-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Le second est une grande figure de la Gendarmerie nationale, un des pionniers de la Cyberdéfense qui a été un des premiers à appeler à la mobilisation contre les risques d’une cybercriminalité galopante déclinée sous bien des formes.
Ces deux hommes nous ont expliqué ce qu’était « la gestion du temps long », rappelé la nécessité et l’importance d’une recherche permanente de « la cohérence » – il n’y aurait donc que les militaires pour y penser – justifié l’intérêt de « partager une vision », ou encore comment « refaire nation », suggérant les vraies priorités dans notre pays aujourd’hui, au moment où le monde était frappé par une terrible pandémie dont on a pas vu la fin et dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts.
Au-delà du simple bon sens qui est hélas trop souvent absent chez ceux qui ont « le nez dans le guidon », il y a les faits et ceux-là sont réputés pour avoir la vie dure. Baisser la garde, les manquements, l’indécision, autant de faiblesses coupables qui seront un jour sanctionnées.
Resusciter l’État stratège
Alain Juillet les a rejoints. Connu pour être l’avocat de cet « État stratège », on sait surtout de lui qu’il est l’ennemi déclaré d’un des plus grands maux français : le « whisful thinking », cette habitude détestable que les Gaulois ont toujours eu de « prendre des vessies pour des lanternes ». Ce que Jules César nous reprochait déjà !
Leurs échanges gagnent à être entendus, mais plus encore, à être médités et partagés. Comme il s’agit d’émissions d’une heure et que le sujet est plutôt grave, on ne se fait pas d’illusions. On ne va pas toucher tout le monde, d’autant qu’il faut de tout pour en faire. Il y aura toujours un important public pour les émissions de télé-réalité. Le langage de l’effort n’attire pas les foules, c’est bien connu ! Mais ceux qui feront cet effort nous intéressent et méritent notre attention.
La débâcle en Afghanistan
Le désastre politique et humanitaire auquel on vient d’assister en Afghanistan devrait pourtant nous inciter à nous réveiller. Mieux vaut tard que jamais ! Depuis un an, qui n’a pas pensé un seul instant que le retour des talibans à Kaboul serait un désastre pour une partie de la population qui, en 20 ans, avait goûté à autre chose qu’à une moyenâgeuse servitude ?
De même, depuis près de trente ans, les stratèges américains les plus lucides sont unanimes pour nous dire qu’à l’horizon 2030, une guerre frontale entre la Chine et l’USA était du « domaine du probable ». Comment faire comprendre cela à des gens qui préfèrent s’intéresser à la couleur de la petite culotte de Madonna ? Pour autant, faut-il renoncer quand on souhaite ou quand on a pour mission de ne pas insulter l’avenir ?
Heureusement, il y a encore des hommes et des femmes de cette trempe pour poser les vraies questions. Ces « ressorts » témoignent souvent de l’histoire d’une Nation ou de la « sagesse populaire ». Comme l’a fait le général Paloméros ce 26 avril 2020 au micro de la Voix du Béarn lorsqu’il soulignait l’intérêt de « créer un OTAN européen ». Ces derniers jours, on a la réponse après nous être interrogés pour savoir si l’OTAN avait encore un avenir !
La général Paloméros qui a été le numéro 2 de l’OTAN, responsable de sa « transformation » depuis Norfolk, après avoir présidé aux destinées de notre Armée de l’Air, face à Alain Juillet, discute des avantages d’un multilatéralisme bien pensé qui n’exclut pas un bilatéralisme dynamique.
Avec Alain Juillet nous allons parler également de « la stratégie d’influence ». Un État qui n’en a pas n’a pas d’avenir. Comme aimait le répéter Albert Einstein : « La politique c’est éphémère mais une équation est éternelle ». Voilà au moins un savant qui aura toujours eu le sens de la formule !
Alors reprenons notre dialogue et avec le général Paloméros et Alain Juillet interrogeons-nous pour savoir si un seul de ces propos n’est pas encore aujourd’hui comme hier d’une brûlante actualité…
Joël-François Dumont
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